Les chiens pleurent-ils vraiment de tristesse ou est-ce autre chose ?

Mon Labrador, Oslo, s’est un jour assis près de la porte, les yeux humides, la tête posée sur mes chaussures. J’y ai vu une pointe de chagrin. J’ai cru qu’il pleurait. Était-ce de la tristesse, ou juste un reflet de lumière sous ses paupières mouillées ? Cette scène, touchante et troublante, m’a poussé à chercher ce qui se passe vraiment quand les yeux d’un chien brillent.
Les chiens pleurent-ils comme nous, avec des larmes de tristesse ? La réponse est moins simple qu’on l’imagine. Ici, on va démêler les mythes, regarder ce que dit la science, et apprendre à lire les signes qui comptent vraiment. Vous saurez pourquoi les yeux d’un chien coulent, quand s’inquiéter, et comment reconnaître ses émotions sans vous tromper.
Au fil de ces lignes, vous verrez que les larmes canines ont surtout une fonction pratique, que les chiens expriment leurs émotions autrement, et qu’une découverte récente éclaire une forme de larmes liée à la joie des retrouvailles. Tout cela pour mieux comprendre votre compagnon et renforcer votre lien.
Les chiens pleurent-ils de tristesse comme les humains ?
L’idée est tenace. On voit des yeux humides et on pense tristesse. Pourtant, chez le chien, les larmes de tristesse n’existent pas comme chez l’humain. Les larmes servent d’abord à protéger l’œil, à le lubrifier, à évacuer poussières et irritants. Ce sont des larmes mécaniques, pas un langage direct de la peine.
Contrairement à nous, les chiens ne possèdent pas, selon les connaissances admises pendant longtemps, un système lacrymal émotionnel lié à la tristesse. Ils ne pleurent pas de chagrin. Cela peut surprendre, car leur regard nous bouleverse. Mais l’apparence trompe. Derrière des yeux larmoyants se cache souvent une cause physique, ou un simple mécanisme d’entretien des yeux. On va y revenir.
La nuance importante arrive avec la joie. Des travaux récents montrent une hausse des larmes lors de retrouvailles positives avec le maître, ce qui ne contredit pas le point précédent. Il ne s’agit pas de tristesse, mais d’une réaction liée au lien social. On en parle juste après.
Les différences entre les larmes humaines et canines
Chez l’humain, les larmes émotionnelles naissent dans des circuits cérébraux qui gèrent les sentiments forts, comme la peine ou le soulagement. Imaginez une soupape qui relâche la pression du cœur. Le cerveau déclenche ces larmes quand l’émotion déborde.
Chez le chien, la base est plus mécanique. Pensez à un pare-brise et à ses essuie-glaces. Les larmes humidifient, nettoient, protègent. Elles ne racontent pas la tristesse. Le chien a des émotions intenses, mais il les montre autrement, avec son corps, sa voix, sa façon de bouger. La larme, chez lui, sert d’abord l’œil, pas le récit d’une peine.
Raisons physiques des larmes chez les chiens
Quand les yeux d’un chien coulent, la cause la plus fréquente est physique. Des irritations dues à la poussière, au vent ou aux poils peuvent faire pleurer. Des allergies provoquent des yeux rouges et un clignement répété. Des infections entraînent des écoulements plus épais et une gêne visible. Un corps étranger, petit grain de sable ou herbe, peut se glisser sous la paupière et irriter.
Des signes doivent alerter. Un rougissement prononcé, un clignement fréquent, un œil mi-clos, une sécrétion jaunâtre. Si cela dure plus d’un jour, mieux vaut consulter un vétérinaire. En attendant, on peut nettoyer doucement le contour de l’œil avec une compresse propre et un peu de sérum physiologique, sans frotter la cornée. On garde les poils autour de l’œil courts si besoin, on évite les parfums et fumées, on surveille après une balade en forêt.
Les larmes de joie et les émotions positives chez les chiens
En 2022, une équipe menée par Takefumi Kikusui a publié une étude dans Current Biology. Les chercheurs ont observé une augmentation des larmes chez les chiens lors des retrouvailles avec leur propriétaire. Cette hausse n’apparaissait pas au même niveau avec des personnes familières qui n’étaient pas le maître. Le point clé se trouve dans une hormone, l’ocytocine, souvent appelée l’hormone du lien.
Les chiens réagissaient plus intensément à la présence de leur humain, et l’application d’ocytocine autour de l’œil augmentait encore la production de larmes. Ce n’est pas de la tristesse. C’est une réaction d’attachement, un marqueur biologique d’une émotion positive. Cette découverte confirme ce que beaucoup ressentent déjà avec leur chien. Le lien est fort, profond, et il s’inscrit aussi dans le corps.
L’étude sur les retrouvailles et l’ocytocine
Pour faire simple, les chercheurs ont mesuré la quantité de larmes lors de retrouvailles après une absence. Les yeux des chiens devenaient plus humides en présence de leur maître. Le rôle de l’ocytocine a été confirmé, car son action amplifiait ces larmes. On peut comparer cela à un sourire qui monte aux yeux. Chez nous, l’émotion gonfle la gorge. Chez eux, elle humidifie le regard.
Ce résultat ne transforme pas chaque larme en message. Il précise un contexte. Les retrouvailles joyeuses avec la personne d’attachement stimulent de petites larmes liées au lien social. Les chiens ressentent la joie, mais l’expriment avec tout leur corps. Les larmes ne sont qu’un détail dans un ensemble plus large.
Autres signes d’émotions positives
Pour repérer le bonheur chez un chien, on se fie à ce que l’on voit vraiment. Une queue qui bat vite sur une amplitude souple. Des sauts vers vous, puis un retour au calme. Des léchages brefs et joyeux, un corps qui se cambre, une bouche entrouverte, une respiration légère. Ces signes sont plus fiables que la brillance d’un œil.
Observez votre chien au quotidien. Notez ce qui change quand vous rentrez, quand vous prenez la laisse, quand vous dites son nom. Vous verrez une signature émotionnelle unique, la sienne. Les larmes, si elles apparaissent, ne sont qu’une note au bas de la page.
Comment les chiens expriment-ils vraiment leurs émotions ?
Les chiens communiquent avec un langage corporel fin et constant. Ils parlent avec leur posture, leurs oreilles, leur queue, leurs yeux, et leurs sons. Les pleurs ne font pas partie de leur code. Ils gémissent, aboient, grognent parfois, mais leur message se lit surtout dans la façon dont ils occupent l’espace.
Le nez participe aussi. L’odorat capte nos états internes, la sueur de stress, les hormones de joie. Le chien assemble ces données avec notre ton de voix et nos gestes. Il forme une image de notre humeur et y répond. Pour mieux vivre ensemble, on apprend à lire ce tableau vivant.
Le langage corporel : queue, oreilles et posture
Une queue basse et figée peut indiquer un malaise, parfois de la tristesse ou de la peur selon le contexte. Des oreilles aplaties et un corps tassé parlent de crainte. Une posture détendue, avec des épaules souples et une mâchoire molle, traduit le calme. Un regard doux, des clignements lents, un côté joueur, c’est souvent la joie.
Attention aux idées reçues. Une queue qui remue n’est pas toujours un signe positif. Si elle bat raide, haut et vite, avec un corps tendu, l’excitation peut être trop forte, parfois proche de l’irritation. On lit le chien en entier, du nez au bout de la queue. On observe le rythme, la fluidité, l’ensemble des signaux.
Réactions des chiens aux émotions humaines
Les chiens ressentent nos états comme une radio capte une onde. Ils perçoivent le ton de la voix, les expressions du visage, et les odeurs liées au stress. Face à nos pleurs, beaucoup s’approchent, posent une patte, lèchent la main. Ils répondent aussi aux rires, se montrent plus joueurs, cherchent le contact.
Pour renforcer le lien, on pose une voix calme, on respire lentement, on adopte des gestes souples. On crée une routine rassurante, surtout dans les moments tendus. Le chien lit ces signaux et ajuste sa réponse. Votre stabilité devient sa boussole.