Dès cet été, certains médicaments et soins ne seront plus pris en charge. Voici les dépenses de santé qui resteront à votre charge.

La France s’apprête à franchir un tournant dans la gestion du remboursement des frais médicaux. Pour combler un déficit de la Sécurité sociale qui approche les 18 milliards d’euros, l’État modifie profondement les règles. Dès l’été 2025, une série de mesures va baisser les remboursements de nombreux médicaments et actes médicaux. Derrière ces choix, le gouvernement cherche surtout à limiter la dépense publique, tout en responsabilisant davantage les patients. Mais qui va payer la différence ? Quelles seront les répercussions concrètes sur le budget des familles et l’accès aux soins ? Voici ce qui vous attend.
Les nouveaux frais médicaux à la charge des patients en 2025
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2025 confirme un nouveau partage des frais médicaux. Les médicaments et soins jugés moins prioritaires ne bénéficieront plus du même niveau de prise en charge. À chaque passage à la pharmacie ou chez le médecin, la part restant à payer va augmenter pour beaucoup de patients, parfois de façon insidieuse, parfois très nette. Quelques euros en plus à chaque achat peuvent vite représenter des centaines d’euros par an pour un ménage.
Les médicaments concernés par la baisse ou la suppression du remboursement
C’est dans le rayon pharmacie que la baisse de remboursement se sentira le plus. Les nouveaux taux seront désormais de 10%, 25% ou 60% selon l’efficacité reconnue du médicament, au lieu de 15%, 30% et 65% jusqu’à présent. Les anti-inflammatoires, les digestifs, nombre de laxatifs, des traitements dermatologiques, certains antibiotiques locaux ou antiviraux figurent sur la liste des produits moins bien remboursés. Une référence facilement reconnaissable pourrait voir sa participation de la caisse fondre – imaginez le cas d’un simple antiacide comme Gaviscon ou d’un laxatif courant, dont le reste à payer sera multiplié.
La majorité des produits à service médical rendu faible passent à 15% de remboursement, ce qui ne laisse qu’une portion minime prise en charge. Seuls certains médicaments majeurs, traitements lourds et ceux utilisés dans le cadre des affections longue durée (ALD) continueront d’être remboursés à 100%, ce qui protège les personnes atteintes de maladies graves ou chroniques. Mais la grande majorité des ordonnances courantes va voir le reste à charge augmenter.
Les soins et consultations moins remboursés
L’enveloppe des consultations médicales rétrécit aussi. Le taux de remboursement par la Sécurité sociale pour une visite classique chez le généraliste pourrait tomber de 70% à 65%. Cela signifie que le fameux ticket modérateur, cette part laissée au patient, va grimper. Pour ceux qui consultent souvent ou qui n’ont pas de complémentaire santé, la facture va vite s’alourdir. Les actes dits « de confort », comme certains soins dentaires ou des consultations spécialisées hors parcours de soins, subiront aussi la baisse.
Toutefois, les patients en ALD, bénéficiaires de la Complémentaire Santé Solidaire (CSS) ou en situation très précaire garderont, en principe, un accès au remboursement total pour les soins essentiels. Mais la vigilance reste nécessaire : la liste des soins concernés peut évoluer, et certains actes marginaux, même en ALD, pourraient sortir du champ du remboursement intégral.
Quelles conséquences pour les patients et le système de santé ?
Avec ces mesures, c’est tout un équilibre qui risque d’être bousculé. Le poids des dépenses de santé pèse plus lourd pour les familles, surtout celles qui accumulent les visites ou les traitements chaque année.
Du côté des professionnels et des associations de patients, l’inquiétude grandit : la crainte de voir une partie de la population reporter ou carrément renoncer aux soins n’a jamais été aussi forte. Moins d’accès, plus d’inégalités – voilà ce que redoutent certains médecins et économistes de la santé.
Hausse du reste à charge : comment adapter sa couverture santé ?
Face à cette nouvelle donne, réviser son contrat de mutuelle devient souvent indispensable. Les complémentaires santé devront couvrir une part plus importante, sinon les ménages auront à payer la différence directement de leur poche. Il convient de vérifier régulièrement les garanties de son assurance, surtout pour les soins et médicaments qui changent de catégorie ou voient leur remboursement réduit.
Comparer les offres et anticiper les dépenses devient une habitude essentielle. Certains contrats excluent déjà les médicaments à faible service médical rendu, il faut donc lire son tableau de garanties mot après mot. Envisager une surcomplémentaire ou revoir ses priorités de couverture santé peut générer une nette différence sur le budget annuel.
Risques de renoncement aux soins et inégalités accrues
Quand les frais augmentent, beaucoup hésitent à consulter ou à renouveler un traitement. Ce phénomène touche déjà les foyers modestes, il menace maintenant aussi les classes moyennes. Le risque de renoncement aux soins est bien documenté par les associations : certains reports de soins entraînent des complications qui pourraient être évitées.
Les experts tirent la sonnette d’alarme sur le creusement des inégalités de santé. Ceux avec de faibles revenus, mal couverts, se privent de traitements pourtant nécessaires. Les familles peuvent être obligées de choisir entre des soins pour les enfants ou les parents, ou entre une dépense de santé et d’autres besoins essentiels. Le principe de solidarité, moteur de notre système, semble vaciller pour de bon.
En 2025, la baisse du remboursement de nombreux médicaments et soins va changer durablement la façon de se soigner en France. Anticiper, s’informer et ajuster sa protection santé sont plus que jamais de mise pour ne pas subir ces réformes de plein fouet. Parents, personnes malades, retraités : tout le monde doit regarder de près ses dépenses et contracter une complémentaire santé responsable.
Informer le plus grand nombre et aider à préparer cette nouvelle réalité limite l’impact sur le budget et sur la santé. La vigilance et la solidarité seront les clés pour passer ce cap sans trop de casse dans la vie quotidienne.

