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Ejaculer fréquemment aide-t-il à prévenir le cancer de la prostate ?

La santé de la prostate intrigue et inquiète beaucoup d’hommes. La question revient souvent : avoir une vie sexuelle active, et donc éjaculer fréquemment, peut-il réellement réduire le risque de cancer de la prostate ? Face aux inquiétudes sur ce cancer fréquent, les rumeurs s’entrecroisent : plus d’activité sexuelle signifierait-elle un avantage pour la santé masculine ? Les dernières recherches offrent des pistes parfois surprenantes, avec des chiffres qui donnent à réfléchir et des débats, même parmi les experts.

Ce que disent les études scientifiques récentes

Des chercheurs partout dans le monde observent depuis plus de vingt ans les liens entre la fréquence d’éjaculation et le risque de cancer de la prostate. Les grandes études internationales n’ont pas toutes livré la même interprétation mais certaines tendances se dégagent nettement.

Des travaux menés à Harvard montrent qu’une fréquence d’éjaculation élevée — autour de 21 fois ou plus par mois — s’associe à une baisse d’environ 22 à 31 % du risque global de cancer de la prostate. Ce chiffre retient surtout l’attention pour les formes de cancer dites “peu agressives”. D’autres recherches pointent vers un mécanisme protecteur à un stade précoce de la maladie, ce qui alimente l’idée qu’une sexualité régulière pourrait avoir un effet positif.

Cependant, certains chercheurs insistent sur la notion de dose-effet. Jusqu’à quatre éjaculations par semaine, le risque diminuerait, avant d’atteindre un plateau, ou même, d’après certaines méta-analyses chinoises, remonter légèrement à des niveaux très élevés d’activité. Cette hausse, rare, pourrait être influencée par des facteurs comme les infections sexuellement transmissibles ou des écarts hormonaux.

Données issues des grandes cohortes épidémiologiques

Les résultats de la Harvard School of Public Health restent les plus populaires, car ils reposent sur une cohorte massive suivie pendant presque vingt ans. Les hommes interrogés qui éjaculaient le plus, soit 21 fois par mois ou plus, ont vu leur risque de cancer de la prostate réduire significativement.

En Australie, des observations similaires sont faites dans des études prospectives bien construites. Ces résultats se montrent robustes après ajustement pour les facteurs classiques comme l’âge, le mode de vie ou la participation au dépistage.

La force de ces cohortes réside dans leur taille et la durée du suivi. Cependant, la collecte des données auto-déclarées et les variations d’interprétation des mêmes chiffres rappellent l’importance de garder un œil critique sur les résultats.

Importance de l’âge et de la période de vie pour la prévention

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Le moment de la vie où la fréquence d’éjaculation est élevée semble aussi peser dans la balance. Les bénéfices sont particulièrement marqués chez les hommes ayant une sexualité plus active entre 20 et 39 ans.

Les études montrent que l’effet protecteur se manifeste surtout lorsqu’une activité sexuelle régulière est maintenue dans cette tranche d’âge. Ce constat alimente la réflexion sur l’impact des changements hormonaux et des habitudes de vie qui évoluent au fil des années.

Après quarante ans, la relation entre éjaculation fréquente et réduction du risque paraît moins claire, sans disparaître totalement. La question de l’intensité et de la constance de l’activité sexuelle reste encore à explorer dans le détail.

Comprendre les mécanismes biologiques et les limites des recherches

Les chercheurs ne se contentent pas de chiffres. Encore faut-il comprendre le pourquoi. Les hypothèses biologiques autour de la protection procurée par l’éjaculation sont nombreuses, mais aucune théorie ne fait consensus.

Les hypothèses sur les mécanismes protecteurs

La théorie la plus répandue, dite de la “stagnation prostatique”, suggère que l’évacuation régulière du liquide prostatique limite l’accumulation de substances potentiellement toxiques ou mutagènes. Cette évacuation fréquente réduirait le contact prolongé des tissus prostatiques avec des molécules qui pourraient favoriser l’apparition d’anomalies cellulaires.

L’activité sexuelle, en augmentant la circulation sanguine au niveau pelvien, améliorerait aussi l’oxygénation des tissus, limitant l’inflammation chronique. Certains avancent que l’orgasme déclenche des mécanismes immunitaires spécifiques, grâce à la sécrétion d’endorphines et d’ocytocine, qui soutiennent l’action du système immunitaire contre les cellules « déviantes ».

Du côté hormonal, maintenir un niveau stable de testostérone et réduire la conversion en di-hydro-testostérone pourraient concourir à freiner la croissance des cellules cancéreuses. Pourtant, peu d’études mesurent effectivement ces variables sur le long terme.

Limites méthodologiques et facteurs de confusion

Autant dire que la prudence s’impose. La plupart des recherches reposent sur l’auto-déclaration de la fréquence d’éjaculation, parfois sur 10, 20 ou même 30 ans. Ce mode de recueil des données est exposé aux biais de mémoire, aux déclarations influencées par l’image de la sexualité ou à la tendance à minimiser ou exagérer selon le contexte culturel.

Il faut aussi tenir compte du biais de dépistage : les hommes sexuellement actifs sont plus souvent en contact avec le système de santé et se font plus tester, ce qui peut fausser la détection du cancer.

D’autres facteurs comme le tabagisme, l’alimentation, l’histoire familiale ou les infections entrent en jeu. Parfois, une activité sexuelle très soutenue s’accompagne de risques accrus d’infections, qui elles-mêmes influencent l’état de la prostate.

La diversité des populations étudiées, des habitudes de vie, et des méthodes employées ajoute un niveau d’incertitude. La plupart des experts s’accordent sur l’idée d’un possible effet protecteur, mais aucun ne conseille aujourd’hui une fréquence d’éjaculation précise dans une optique de prévention.

Les dernières données montrent qu’une sexualité régulière pourrait effectivement participer à protéger la prostate de certaines formes de cancer, notamment si cette activité s’inscrit dans la jeunesse adulte. Les effets semblent modestes, mais ils pourraient s’avérer intéressants dans une approche globale de la santé masculine.

L’éjaculation fréquente ne remplace pas un mode de vie équilibré, une alimentation adaptée, ni la vigilance face aux signaux du corps. Il reste aussi de nombreuses zones d’ombre dans la compréhension des mécanismes en jeu.

L’essentiel est d’aborder la sexualité sans stress, comme l’une des composantes d’une vie saine. Continuer la recherche et rester à l’écoute de son corps, voilà la clé pour préserver sa prostate… et sa qualité de vie.

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